- miloupo
Comment sont transformées les matières premières dans l’assiette du consommateur :
Un petit tour d’ensemble pour comprendre comment des aliments bruts peuvent devenir des aliments ultras transformés .
Le cracking alimentaire, en avez vous déjà entendu parler ?
Peut-être pour certains oui et pour d’autres non . Ceci est un procédé technique qui ressemble à la pétrochimie. Il a pour but d’extraire d’un aliment principal plusieurs de ses briques élémentaires.
En effet, toute matière est dotée de plusieurs composants. Le cracking alimentaire est donc là pour les séparer de leur matrice.
C’est ainsi, en chauffant à très haute température le produit brut, qu’on le fractionne et obtient de lui plusieurs petits bouts réduits en poudre.
En cassant la matrice, on casse les bénéfices du produit brut et c’est ainsi que l’on obtient :
Pour le blé :

Farine blanche qui donnera l'amidon, le gluten
L'amidon de blé qui donnera le dextrose, le sirop de glucose et le fructose
Pour la pomme de terre :
Amidon
Maltodextrine
Sirop de glucose
Amidon transformé

Pour le riz :
Amidon modifié
Sirop de riz
Amidon
Sirop de glucose

Pour le maïs :
Maltodextrine
Amidon
Amidon modifié
Sirop de glucose fructose
Polyols
Sirop de glucose
Des noms que nous retrouvons bien souvent dans la liste d’ingrédients des aliments courant dans nos magasins.

Qu’est ce que l’amidon ?
Nous retrouvons bien souvent dans les listes d’ingrédients Amidon ou amidon modifié. Ceci est tellement devenu courant que nous ne nous posons jamais la question car nous avons déjà pu entendre ce mot, par exemple l’amidon de riz qui permet de rendre les selles de bébé plus consistante lors d’une diarrhée …
Mais l’amidon sert à bien d’autres fonctions .
Comme cité ci-dessus, l’amidon est extrait par cracking.
Il existe trois catégories :
Les amidons natifs qui une fois traités deviendront les amidons prégélatinisés (traités physiquement)et les amidons modifiés ( traités chimiquement)
Les amidons prégélatinisés sont la base des crèmes pâtissières à froid, la cuisson de celle-ci peut donc être supprimée .
Les amidons modifiés stabilisés entrent dans les produits congelés, plats cuisinés, les sauces en conserve car ils ont une meilleure tenue lors de la congélation/décongélation.
Les amidons à modification multiples rendent apte à la congélation et assure une bonne tenue à la décongélation. Le choix de la fécule de pomme de terre est souvent de rigueur et la plus adapté par ses propriétés.
Quelques exemples de préparations :
Amidons natifs ( blé, maïs ) :
- Biscuits
- Pâtisserie (cake, génoise, ...)
- Crèmes pâtissières préparée à froid
- Entremets
Amidons prégélatinisés :
- Blé, maïs : Biscuits et pâtisserie (moelleux, viscosité)
- Manioc : Nappage pour tartes
- Amidons modifiés/maïs cireux : Garnitures pour tartes stables au four, Crèmes pâtissières préparées à chaud
Amidons modifiés prégélatinisés :
Maïs , blé : Biscuits et pâtisseries
Maïs cireux : Garnitures pour tartes stables au four, Crèmes instantanées, cakes (moelleux)
Pommes de terre : Entremets, Crèmes pâtissières à froid subissant des traitements de congélation et de décongélation et stables au four.
Manioc : Biscuits et pâtisserie (moelleux, fondant) , Entremets, Crèmes pâtissières préparées à froid
Les amidons natifs et prégélatinisés non modifiés sont considérés comme des ingrédients.
Les amidons modifiés, ci-dessous, sont considérés comme des additifs, épaississants ou gélifiants.
Ils se distinguent de la plupart des autres additifs par le fait qu’ils sont souvent incorporés à des doses importantes dans les aliments et qu’ils n’ont aucune valeur nutritive.
Annexe II, partie C du règlement ( CE ) n°1333/2008 des additifs autorisés sans restriction :
E1404 : Amidon Oxydé
E 1410 : Phosphate de Mondamidon
E 1412 : Phosphate de Diamidon
E 1413 : Phosphate de Diamidon phosphaté
E 1414 : Phosphate de Diamidon acétylé
E1420 : Amidon Acétylé
E 1422 : Adipate de Diamidon acétylé
E 1440 : Amidon Hydroxypropyle
E 1442 : Phosphate de Diamidon Hydroxypropyle
E 1450 : Octenyle Succinate d’amidon sodique
E 1451 : Amidon oxyde acétyle
Les traitements chimiques apportaient à ces derniers
Le dextrose :
Le dextrose est un sucre simple issu du maïs qui est chimiquement identique au glucose, le sucre sanguin ( sucre simple se trouvant dans notre organisme) . Le dextrose est souvent utilisé dans les produits de boulangerie comme édulcorant et on le trouve aussi dans les aliments transformé et sirop de maïs.
La maltodextrine :
La maltodextrine est essentiellement issue du maïs, du riz, de l’amidon de pommes de terre ou du blé.
L’ingrédient est tellement transformé ( par hydrolyse) que la poudre obtenue (couleur blanche) est sans odeur et presque sans goût. Elle est utilisée par les industries pour épaissir le produits laitiers et utilisée comme agent de texture ou de conservation.
Les 4 ingrédients principaux, marqueurs d’Ultra Transformation, MUT :
Les graisses végétales hydrogénées
Les sirops glucose fructose
Les nitrites
Les édulcorants intenses
Ces 4 ingrédients font partis des principaux marqueurs d’Ultra Transformation appelés aussi MUT.
Nous allons essayer de comprendre ce qu’ils sont et surtout à quoi servent-ils dans notre alimentation ? Sont-ils essentiels à celle-ci ou le sont-ils plus aux industriels ?
I ) Les graisses végétales hydrogénées :
Qu’est ce que l’hydrogénation ?
Les huiles contenant de l’acide gras poly-insaturés, appelés AGPI, sont sensibles à la lumière, à la chaleur et à l’association de l’oxygène. Ces huiles se rancissent aux contacts de ces facteurs.
C’est ainsi qu’en ajoutant 2 atomes d’hydrogènes (des catalyseurs ) et une bonne température, ces huiles deviennent plus stables ; elles se conservent plus longtemps et deviennent plus solides.
Elles perdent leur double-liaison ( dans les AGPI) lors de ce procédé et ces AGPI deviennent des acides gras trans saturés ( AGS) et deviennent des des acides gras trans . ( après hydrogénation : AG trans ) .
D’après le Journal Officiel du Sénat su 03/05/2012 : Secrétaire de la Santé chargé de la santé :
L’huile de palme est aujourd’hui la plus consommée dans le monde (25%) , dépassant d’un peu l’huile de soja (24%) , et de loin celle de colza (12%) et de tournesol (7%) .
Elle est :
- Très utilisée par les industriels
- Peu coûteuse
- Bonne stabilité à haute température
- Conserve très bien les aliments
- Leur donne une texture croustillante sans altération du goût
Sur le plan nutritionnel :
Consommée à dose élevée, cette huile peut avoir des conséquences néfastes pour la santé .
En effet, les industriels utilisent ces produits comme stabilisateurs et conservateurs dans les plats préparés ( pizzas, quiches, viennoiseries, biscuits, etc ... ) et même la margarine.
Au Danemark, il a été interdit l’utilisation des huiles partiellement hydrogénées et en Autriche, Hongrie, Islande, Norvège et Suisse, l’utilisation a été limités.
L’ EFSA appelle a limiter la consommation aussi faiblement que possible, tandis que l’OMS demande de « les éliminer de l’alimentation mondiale» , sachant qu’il existe des huiles et des graisses plus saines qui n’affectent ni le goût, le coût des aliments .
A noter : Le règlement européen INCO d’informations aux consommateurs n’oblige pas à indiquer le taux d’ AGT ( Acides Gras Trans) .Toutefois, les industriels ont obligations d’indiquer si l’huile incorporée est hydrogénée : «huiles ou graisses partiellement hydrogénées» ou « contient des AGT» .
Les huiles de palmes, de palmiste, de coco ou de coprah ne subissent pas de processus d’hydrogénation car elles présentent déjà des acides gras saturés. Elles sont solides à température ambiante.
Pourquoi les éviter ?
Le directeur de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus a déclaré :
« A l’époque où le monde entier lutte contre la pandémie Covid 19, nous devons tout mettre en œuvre pour protéger la santé des personnes. Cela signifie qu’il faut prendre toutes les mesures possibles pour prévenir les maladies non transmissibles de rendre les gens plus sensibles au coronavirus et d’entraîner des décès prématurés.
Notre objectif d’éliminer les acides gras trans d’ici 2023 ne saurait souffrir d’un retard.»
Il est estimé à plus de 500000 décès par an dus à une cardiopathie cardiaque dont la cause est la consommation d’acide gras trans.
De plus l’OMS lance une alerte révélant que les acides gras trans augmenterait le risque de cancer de l’ovaire.
Le Dr Véronique Chajès, auteur d’une étude et scientifique du CIRC ( organisme de l’OMS : Centre de Recherches sur le Cancer) a déclaré :
« Les acides gras trans industriels sont associés à l’obésité et à l’inflammation, qui sont des facteurs risques connus du cancer de l’ovaire et qui pourraient, expliquer, au moins une partie, l’association tangible entre ces acides gras et le cancer de l’ovaire.»
Mais, la Dr Inge Huybrechts, dans le cadre de l’étude prospective européenne sur le cancer et la nutrition (EPIC), scientifique parmi d’autres du CIRC basé sur Lyon, précise :
«Bien que quelques études à petite échelle aient suggéré un lien entre la consommation d’acides gras trans et le risque de cancer de l’ovaire, les preuves ne sont pas concluantes.»
Toutefois, il est révélé que les apports en acides gras trans industriels ont été associés à un risque plus élevé de cancer du sein. Les cancers de la prostate et colorectal ont été signalés dans la littérature scientifique.
Le CIRC va dans le même sens que l’OMS, c’est-à-dire : Éliminer les acides gras trans industriels des aliments .
